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Le club des 27 (vidéo)
Musée d'Orsay
Le cri d'Edvard Munch
Gibson sous perfusion
L'art de la reprise
Après le fab four
Tarantino
Un tour à Manchester (vidéo)
La folie yéyé (vidéo)
Comédie sociale
Les Mods
San Antonio

Chez moi,

la culture c'est la patate !!!

C'est l'endroit où je défends les artistes que j'aimes. Je plaide en leur faveur afin de vous inciter à aller les découvrir

Le club des 27

Club des 27

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Le grand Jacques

C’est ainsi qu’il a sous-titré une de ses plus belles chansons, sans doute parce que ce surnom lui collait à la peau. Je vous propose un voyage dans le temps via planète Marseille… Oups je m’égare. Bref voyons pourquoi, ce surnom, il l’a amplement mérité et pas que de par sa silhouette. Le parti est pris de ne se focaliser que sur ce qui tourne autour de la musique et un peu sur sa vie privée sans basculer dans du Paris Match larmoyant.

Ça prend aux tripes :

Écoutez un morceau de Brel au hasard… Il y a huit chance sur dix pour que vous tombiez sur une chanson écrite à la première personne. L’impression générale est que ce monsieur a été mille fois amoureux d’autant de femme et d’amante, aussi qu’il a connu mille vies et le double d’amitiés sincères. On est aussi happés par la force et la justesse de ses mots. Comment ne pas les croire tellement ils sont précis et tintés de vérité ? Pour accentuer le ressenti, il ponctue ses textes de quelques grossièretés sans devenir ce que Brassens appelait Le Pornographe du Phonographe. C’était juste assez pour dégager une certaine humanité. 

 

Sur scène, Jacques Brel n’interprétait pas… Il vivait ses chansons, transpirait, invectivait, jouait de ses grands bras. En revanche pour le jeu de jambe, Elvis avait un temps d’avance. C’est encore une fois toute la véracité des mots qu’il exprimait. Derrière les paroles se cachait une musique puissante, mais qui ne parvenait pas à couvrir sa voix. Des cuivres, des cordes, du piano, de l’accordéon, tout cela vit en harmonie comme une sage-femme (ou un maïeuticien) qui encourage un accouchement.

Le loser magnifique :

Si dans son œuvre il a connu mille femme, c’est presque autant de paires de cornes qu’il faut lui attribuer. Dans Les Remparts de Varsovie (désolé pour la version pourri, la version originale est introuvable), il fait tous les petits boulots possibles dans le monde de la nuit pendant que sa femme vit la grande vie aux quatre coins de l’Europe. Une autre chanson à écouter sans limite, c’est Le Moribond. Sur le point de mourir, il distille ses dernières volontés à ceux qui lui étaient chers mais aussi à l’amant de sa femme pour qu’il prenne soin d’elle. Je trouve ce texte brillant malgré beaucoup de répétitions (nécessaires au développement de la chanson). 

 

Quand il n’est pas cocu, Brel connaître pas mal de déboires dans le domaine des sentiments. Dans La Fanette, il est fou amoureux de la fille éponyme pour finalement restes sur la béquille pendant que la demoiselle batifole avec un tiers. (Chanson trop méconnue malheureusement.) Madeleine, c’est celle avec qui il a rendez-vous chaque semaine. Chaque semaine, il apporte de fleur, prévoit une soirée bien remplie mais chaque semaine Madeleine lui pose un lapin. Le temps s’égrène dans la chanson à mesure que ses projets prennent l’eau… Mais, il reviendra la semaine suivante avec les mêmes intentions.
Ne me Quitte Pas est sans doute la plus emblématique de ses chansons. C’est un homme qu’on a jeté et qui promet tout ce qu’il n’est pas possible de réaliser même par amour. Il s’appuie aussi sur des exemples rares de passion dont on a réussi à raviver les braises. Brel dira : « Ce n’est pas une chanson d’amour, c’est une chanson sur la lâcheté de l’Homme ». Les mots sont magnifiques, cette chanson est à écouter comme une poésie. Mais il ne s’agit que d’histoire avec, sans doute, une vraie fragilité derrière.

Le chanteur belge était doté de beaucoup de recul sur lui-même et d’autodérision. C’est ainsi que dans La Chanson de Jacky, il se voit tour à tour « chanteur pour dame » ou proxénète, des situations sans conscience et avec un bel extérieur. Il qualifie cette manière d’être « beau et con à la fois » ce qu’il estime être le contraire.  J’estime qu’il n’avait pas tort, il n’était pas une gravure de mode.
Dans Bruxelles, il nous raconte ses grands-parents. Grâce aux détails de la vie de ce couple il fait le parallèle entre leur relation et ses traits de caractère. Par exemple, il estime que son manque de sérieux lui vient de ses aïeules, puisque son père était en préparation avant leur mariage.
La plus belle autocritique qu’il a pu livrer est sûrement C’est trop Facile (le Grand Jacques). Il énumère les grands principes qu’il a pu critiquer dans ses chansons en mettant en valeur le fait qu’il n’a pas l’expérience nécessaire pour se le permettre. La chanson dure moins de deux minutes mais c’est un immense mea culpa.
Rubrique « poeple » :

En 1966, estimant qu’il s’était assez livré au public, le gars décide de convoquer ses fans à l’Olympia. À croire qu’il se prend pour Brel … Non, mais Attends …
Comme il l’a souvent chanté, il veut être Vasco de Gama. Vous savez, ce plaisancier qui a fait tour du monde sans TomTom. Il allait partir avec sa fille pour tester la rotondité de la terre. Il donne un concert de dingue, je ne crois pas que les Stones aient, un jour, été tant applaudis. Après 1024 rappels (il aimait les puissances de 2), il entonne une chanson inédite, jamais gravée sur le vinyle, Amsterdam. C’est sur ce constat d’un monde machiste sous l’angle du monde marin qu’il quitte la scène.

 

Après s’être dument préparés, les trois explorateurs (une maîtresse rencontrée sur un tournage s’est ajoutée à l’aventure) prennent le large direction leur point de départ. Malheureusement, pris de douleurs Brel, faisant escale aux Canaries, se voit contraint de se faire rapatrier à Bruxelles où on lui diagnostique un cancer des poumons. Il n’abandonne pas son projet de tour du monde. Il le reprendra quand sa santé lui permettra d’atteindre le Panama. Il poursuivra sa route, même, jusqu’aux Marquises. Face à la fatigue croissante et à la beauté du lieu il ne finira pas son tour du monde. Tout de suite amoureux des paysages sauvages de l’archipel, il tombe vite sous le charme des autochtones.
La description qu’il fait des gens de là-bas trouverait une analogie dans l’animation d’un camping familiale. Le matin c’est arrosage de fleur, distribution du courrier, tirage de demis ; l’après-midi c’est auscultation d’un chanteur de renom atteint d’un cancer, surveillance de la baignade et re-tirage de demis, et le soir tu chantes Fais la Poule déguisé en gallinacée. Chacun avait plusieurs cordes à son arc et on les retrouvait tout au long de la journée à différents postes du village.
C’est donc là qu’il va faire sa convalescence et nous offrir une de ses plus belles chansons Les Marquises. Il décédera à Bobigny en 1978. 

Le chanteur Raphaël a eu cette phrase lors de sa rencontre avec Jean-Louis Aubert : « un bon chanteur fait quatre ou cinq tubes dans sa carrière… ». Rien que dans cette chronique, je vous en ai cité une dizaine. Et encore, je n’ai pas mis tout ce qui me touche chez Brel. Brel c’est vingt-cinq voire trente chansons de premier plan, c’est un monstre de la chanson française, dans l’écriture comme dans la composition. Si vous ne connaissez que peu le chanteur, lancez une playlist, lovez-vous dans un fauteuil et appréciez. 
 

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Les Paul à l'agonie

Je vais aller droit au but, cette semaine je réagis à une actualité culturelle. Ne vous attendez pas à ce que je vous parle du testament de Johnny, il a une valeur légal mais pas culturelle bien qu’il n’y paraisse aucune faute d’orthographe. J’ai choisi de vous parler d’un chef-d’œuvre de 115 ans en péril, le luthier Gibson pourrait bien mettre la clé sous la porte dans peu de temps.

Dans le monde de la guitare, il y a deux constructeurs, Fender et Gibson, qui ont la plus grosse part du gâteau, puis quelques autres qui se partagent les miettes. Derrière ce naufrage se cache deux décisions, l’une est économique l’autre plutôt philosophique. Avant la crise des subprimes, le conseil d’administration a voté un investissement massif dans des fonds de pension. Les actionnaires se sont mis à quitter le navire en grand nombre il y a quelque mois. La stratégie commerciale est, elle aussi, à revoir selon moi. Malgré la démocratisation des prix des instruments, la firme américaine s’obstine à produire en trop grande série ses guitares de luxe.

Je ne vais pas commenter le premier point car beaucoup trop technique pour moi. En revanche sur le second point, il y avait sûrement mieux à faire. Ces guitares, que je qualifie de « de luxe », coûtent 2000€ ou plus. Or, il faut deux à trois ans avant qu’elle donne le meilleur d’elle-même (en fonction de la température et de l’humidité de l’endroit où elle est entreposée). Une histoire de bois qui travaille. Aujourd’hui ce genre de bien inonde le marché de l’occasion. Elles ne sont pas beaucoup moins chères que les neuves, mais sont à leur firmament. Quand on sait que le cassage de guitare n’est plus à la mode, l’histoire de l’offre et la demande.

La patte de Gibson c’est les doubles-micros, un double au chevalet et l’autre à la base du manche. Avec cette technologie et un commutateur à trois positions, on obtient trois sont très distincts. Un son plutôt rond, soft, sur les micros avant, un son plus métallique pour micros arrière et un compromis pas dégueu sur la position milieu, c’est simple et furieusement efficace.

Gibson ce sont des modèles mythiques comme les Les Paul, SG et la fabuleuse double manche (12 et 6 cordes) développée avec Jimmy Page. Le leader de Led Zeppelin est un ambassadeur emblématique de la marque. Ils sont nombreux à ne pas avoir résisté au son sans concession de la lutherie du Michigan. Tout le monde doit avoir en tête Angus Young et sa SG cherry sautillant sur scène. En France, c’est Louis Bertignac qui a toujours une Gibson à portée de main. Avant l’avènement de la Fender Stratocaster, B.B. King ou Chuck Berry avaient fait leurs armes sur des Gibson ES-335.

Pour toutes ces raisons, quand j’ai appris une éventuelle liquidation judiciaire de ce monument, j’étais sous le choc. Je n’imagine pas la scène musicale sans cette marque complémentaire à Fender. Les guitares californiennes sont plutôt passent-partout tandis que chez Gibson c’est du brutal, je connais une polonaise qui en prenais au petit déjeuner. Même si j’ai choisi le clan adverse, c’est un crève-cœur de voir se désastre à cause de placement hasardeux et un choix de stratégie pas adapté à l’économie musicale du moment.

L'art de la reprise quand on ne sait pas coudre

Ne parlons pas de Matt Pokora puisqu'il s'agit là de reprises dignes de ce nom. Non pas que je n'aime pas Matt Pokora, mais il n'apporte rien aux chansons qu'il interprète.
On va dévolopper le sujet en trois thèmes : les professionnels de la "cover", les artistes les plus repris et enfin les chansons qu'on a le plus reprises.
Je vous passerai le laïus des Claudes François, Johnny Halliday ou Dick Rivers, qui reprenaient les standards américains avec une traduction toute googlesque. Le maître en matière de reprise est évidemment Joe Cocker, il offrait à chaque titre une nouvelle jeunesse. Ainsi, George Harrisson dira de sa version "With a Little Help From My Friends", qu'elle était de loin supérieur à celle des Beatles. Sans oublier sa version de "One", originellement par U2 à laquelle il a redonné toute sa gravité, celle d'un groupe sur le point de se séparer.
Dans les groupes surfant sur les tubes de ses aînés, je demande Guns'n'Roses. Leur plus gros tube, "Knockin' on the Heaven's Door" sort tout droit du répertoire de Bob Dylan. Un peu de saturation et de réverbe, voilà un standard rock. Ils ont énergisé "Live and Let Die" de Paul Mc Cartney et même "Sympathy for the Devil" des Stones. A chaque fois une réussite.
Les Beatles et ses membres figurent en bonne place parmi les plus repris. Notamment John Lennon, dont le "Working lass Hero" a été repris de main de maître par Green Day. Une chanson qui va parfaitement au groupe avec sa fibre sociale. "Why don't You Get a Job" de The Offspring est une reprise flagrante de "Obladi-Oblada. Jeff Beck y est aussi allé de sa patte en jouant "A Day In The Life" à la guitare uniquement. Pour les profanes, Jeff Beck est le mentor de Jimmy Page, guitariste de génie de Led Zeppelin.
Bob Dylan a la particularité de s'être fait reprendre une chanson, avant même sa sortie. Ayant fait une pause dans sa carrière entre 1962 et 1968, il a continué à écrire. Jimi Hendrix fit la connaissance de "All Along The Watch Tower" avant sa sortie. Sinon, l'essentiel de son répertoire a été traduit en Français par Hugues Aufray. De belles traductions, respectant le sens poètique apporter le dernier Nobel de littérature.
Parmis les chansons les plus reprises, on compte "Twist and Shout" par les The Isley Brothers et bien sûr les Beatles. Les Kinks, Bruce Springsteen, les Who, Ike et Tina Turner, The Mamas and The Papas l'ont chanté sur scène ou sur un album.
Enfin le plus gros tube planétaire est à mettre à l'actif de Claude François avec "Comme d'Habitude", reprise par Franck Sinatra, Elvis Presley ou Sid Vicious. Il en existe tant de version, qu'on estime qu'elle est diffusée toutes les 30 secondes sur les radios du monde entier.
Bref, reprendre un chanson n'est pas signe de manque de créativité. Une bonne reprise redonne vie à la version originale par des arrangements, une interprétation nouvelle.

Les fabulous après les Beatles

Intéressons-nous à ce qu'il s'est passé à partir de 1970 pour chacun des Beatles. Comment se remet-on de huit ans entre studio et tournée ? Était-ce un mal pour un bien ou un énorme gâchis ? Y a-t-il eu des tentatives de retour de hype ?
Concernant le groupe, je crois qu'il était temps que ça s'arrête. Les différends entre les protagonistes allaient finir par se resentir dans les titres. En effet, trois ans durant certains membres ne se croisaient qu'en studio, ajoutez à cela "des désaccords personnels, financier et artistiques" selon le communiqué annonçant la fin du Fab Four. On pratique l'art pour soi, pour s'exprimer, et si ça plait au public tant mieux. Si les contraintes sont plus importantes que le plaisir pris, à mon avis, il faut trouver d'autres moyens d'expression.
En marge des Beatles, McCartney et Harrisson avaient déjà sorti des albums solo. Lennon, lui, avait déjà participé à des projets externes avec son alter ego Yoko Ono. Bref ils se préparaient déjà à l'après Beatles. Après un album "Let It Be", globalement bâclé, il me semble logique que les quatres garçons prennent le vent chaun de leur côté. D'ailleurs, dans l'année 1970, tous auront au moins un projet solo qui verra le jour.
Ringo Starr, le moins prolix sur les albums des Beatles, est sûrement le plus actif des quatre. Écolo jusque dans ses créations, il rassemble les deux guitaristes scarabbée pour déterrer des morceaux qui auraient du faire partie de l'oeuvre du groupe, mais recalées au vu du nombre de titres produits. Depuis le split des gars de Liverpool, il a sorti une vingtaine d'album, monté d'énormes tournées. Malgré le manque de tube dans sa discographie personnelle, celui qui a donné le rythmique particulière au plus grand groupe  de tous les temps (non ce n'est pas les 500 choristes), restera fidèle à ses premières amours en produisant un son résolument rock.
Après la séparation, George Harrisson se sent "comme un constipé qui aurait soudain la diarrhée", selon ses mots. En terme d'écriture, Lennon/McCartney représente plus de 90% des signatures des titres du Boys Band. Ses premiers faits d'arme, après les années Abbey Road, sont des concerts de charité. "My Sweet Lord" et "Got My Mind Set On You" seront ses grandes "réussites". Si la prémière est une sublime ballade folk, la seconde est moins chargée de symbole et représente le vide musical des années '80. En 1997, le génie de la six cordes déclare un cancer des poumons qui l'emportera le 29 novembre 2001. C'est à cette date que j'ai commencé à m'intéresser au Fab Four, j'ai découvert ce grand guitariste à l'esprit ouvert et à la technique irréprochable.
Paul McCartney, quand à lui, fonde les Wings, et sort des albums de pop mièvres. Les faits les plus notables sont, évidemment, "Live And Let Die" bande originale du James Bond du même nom puis il a pactisé avec l'ennemi en signant avec Michael Jackson "Ebony & Ivory. Sa plus grande réussite artistique post Beatles est sans doute sa fille, Stella. Voilà, voilà !
Reste le cas Lennon. Dès la fin des Beatles il connait des succès critiques et commerciaux. Mais une fois qu'il s'est épuisé en ecrivant des tubes comme "Imagine" "Instant Karma!" ou "Working Class Hero", et bien d'autre il s'est contenté d'obtenir une carte verte aux États-Unis et de se mettre en scène avec l'indescriptible Yoko. Avant Yoko était la femme de John puis les rôles se sont inversés. En décembre 1980, il refuse un autographe en sortant de chez lui. À son retour, le fan l'attend arme à la main et on connait la suite. On peut être fan d'un pacifiste et être, pour autant, quelqu'un de violent. Comme on peut être fan de Coluche et ...
En résumé, je vous conseille la discographie de Ringo et si vous aimez les concerts, surveillez s'il ne passe près de chez vous. Il est bon de réécouter Lennon, revoir les concerts de charité ou d'hommage de George (à savoir que le concert hommage après sa mort à lui est un vrai moment de bonheur), et habillez-vous en Stella McCartney si vous en avez les moyens. 

Quand Quentin raconte...

Je voulais vous parler d'un maître du cinéma américain : Quantin Tarantino. Certes son CV n'est pas long comme le bras, mais ses expériences valent le coup d'oeil.
Il a d'abord fait ses armes en tant que co-scénariste, dont le fabuleux Une Nuit En Enfer où il joue aux côtés de George Cloney. C'est un film déjanté de Robert Rodriguez avec des vampires et des effusions de sang.
Il fait ses premiers pas comme réalisateur avec Reservoir Dogs, où il se met en scène avec notamment Harvey Keitel. Il poursuit son bout de chemin avec Pulp Fiction qu'il est inutil de présenter, Palme d'Or à Cannes entre autre. Puis il retrouve Samuel L. Jackson pour Jackie Brown, le plus soft de ses films mais e loin le mieux ficelé. Vient ensuite son film en deux épidodes, Kill Bill, sans déconner où a-t-il trouvé tant d'hémoglobine? Tarantino change un peu de registre avec Inglorious Basterds, un film très documenté sur une milice juive pendant la dernière guerre mondiale. Enfin, il traite de l'esclavage dans Django Unchained, La grande histoire d'amour des films du maître.
Qu'est-ce qui plaît dans ses réalisation ? Plusieurs pistes s'imposent à moi. 
D'abord l'ultra-violence et ses organisations borderlines ne manquent pas d'intéret. A chaque film son environnement, mais il est question très souvent de sociétés secrètes fantasmées et largement mafieuses. Que ce soit les truands de Pulp Fiction ou les tueurs de nazi d'Inglorious Basterds, nous sommes nombreux à s'être laissé aller à ces pensées.
Puis il y a les acteurs. Qu'ils soit des stars au firmament tels Brad Pitt, Leo di Caprio, Robert de Niro ou sur le retour comme Pam Grier, John Travolta ou encore Don Johnson, leur personnage et taillé sur mesure même si c'est fréquemment à contre-emploi. Il est jouissif de voir Bob de Niro en truand lunaire maladroit, limite con dans Jackie Brown. Il est du même intérêt Harvey Keitel en résolveur de problème sans concession dans Pulp Fiction.
Il faut aussi évoquer les scènes cultes de sa filmographie. Pulp Fiction en est truffé, et le metteur en scène s'est même incruster dans l'une d'elle, lorsqu'il s'agit d'accueillir deux tueurs à gage pour qu'il réparent une de leurs conneries. Dans Django, il est une scène truculente où on devine les prémices du KKK. Les cagoules étant mal ajustées au niveau des yeux, les extrêmistes se chamaille comme dans une cours d'école.
Enfin, il est important de parler de la bande-originale de ses films. Des bandes pas si originales puisqu'il s'agit souvent de piller les classique de la musique populaire, rock ou rythme & blues.
Voilà ce qui m'attire dans ses films emprunts de violences et psychologie, bourrés d'acteurs de talent, de dédramatisation et très bons pour les cages à miel.

Mon conseil : Django Unchained. Pour le sujet traité, Christoph Waltz et Don Johnson, l'hisoire d'amour...
PS : Sachez que Tarantino a aussi scénarisé et réalisé un épisode d'Urgences, un petit bijou.

La culture entre en gare

Un p'tit tour dans les beaux quartiers parisiens, ça vous dit ? Direction le musée d'Orsay.
Reconnaissable entre tous les musées par son vrai air de gare, effectivement c'est une ancienne gare voulue par Napoléon III qui abrite des oeuvres majeures du XIXème siècle. Cette gare était plus diplomatique que pratique, c'est par là qu'arrivaient les visiteurs etrangers pour leur voyages officiels. Le style Napoléon III est très détectable, et comme s'il fallait le rappeler les fameux "N" sont moulés maintes fois au plafond.
Le musée propose la plus grande collection d'oeuvres impressionnistes et post-impressionnistes au monde, mais, ça, ça sera pour la semaine prochaine. Pour ce jour, on va se contenter de quelques maître comme Gustave Courbet, Eugène Delacroix ou encore Vincent Van Gogh, rien que ça...
Parmi la foultitude d'oeuvres exposées, on retrouve le penchant pour les rapports tarifés et l'alcool d'Henri de Toulouse-Lautrec. C'est toute la vie de Pigale au XIXème qui est raconté dans ses tableaux. Les couleurs chaudes et vives, le trait pas très assuré laissent deviner que son regard était handicapé comme son corps l'était.
À l'étage, tout un espace est dédié à Gustave Courbet. Évidemment, "L'origine du monde" y est mis en valeur. On découvre aussi que le Franc-Comtois peignait des gens habillés. C'est le cas dans son "L'atelier du peintre" où il se représente au travail, croquant sa muse. De nombreuses scène de chasse sont aussi proposées au public. Autre chef d'oeuvre, "Un enterrement à Ornan" se veut éminemment politique. Il symbolise le passage de témoin en Louis-Philippe et Louis-Napoléon Bonaparte.
S'il y a un peintre dont je reconnais le style au premier coup d'oeil, c'est bien Eugène Delacroix. La qualité de la reproduction est là, mais ce sont les couleurs rouge, orangée ou ocre qui sont sa signature. C'est aussi souvent la violence qui est représentée, la contestation pour beaucoup, comme dans l'esquisse "Chasse aux lions" où les félins contre-attaquent leurs assaillant allant jusqu'à s'en prendre à leur monture.
Peu d'oeuvres de Van Gogh sont exposées à Orsay, la plupart se trouvant au musée éponyme aux Pays-Bas. Or, il y a une pépite bâptisée "L'église d'Auvers-sur-Oise". Peinte quand le maître avait encore toute sa tête, le coup de pinceau est plus sûr que sur la fin de sa carrière. C'est en voyant ce tableau que j'appris que que le battave séjourna dans la Mecque des artistes peintres du XIX.
Le musée n'est pas dédié uniquement à la peinture. Parmi le Degas, Gauguin, Ingres, etc, on trouve beaucoup de sculpture et puis caché tout au fond de l'ancienne gare, une maquette en demi-coupe de l'opéra Garnier. On a une idée de la salle de spectacle, de la machinerie pour les décors, les loges... Bref c'est très précis, et pour moi, impressionnant.

Le musée possède donc la plus importante collection dans ce style au monde. Monet, Renoir, Sisley y sont pour beaucoup. "Mouvement du XIXème siècle dont les artistes préfèrent représenter leurs impressions plutôt que la réalité. Impressionnistes célèbres : Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley, Frédéric Bazille, Camille Pissarro, Paul Cézanne, Armand Guillaumin..." définition simpliste trouvée sur linternaute.com. En gros, on crois que mais en fait peut-être pas. Tout en nuances, il n'y a ici que peu de traits de pinceau, presque une absence de contour.
Claude Monet donna ce nom au mouvement quand un acheteur décida de rebâptiser une de ses toiles "Impression au soleil levant". Ça se chamaille encore pour savoir quel port a été immortalisé sur cette oeuvre. Dieppe ? Le Havre ? Ou, soyons fous, Honfleur? Cette toile n'est pas exposée à Orsay, mais il est important d'en parler.
C'est donc là que tout démarre. Et que ce fut chaotique, Monet a longuement fait le VRP pour ce que les artistes établis semblaient prendre pour un ramassis de pointillés. Jusqu'à ce que l'homme aux nénuphars fasse le pari osé avec un marchand d'art de vendre au moins deux oeuvres lors d'une exposition à Paris. À l'époque, Renoir y croyait déjà et s'était mis à cet art.
Dans le musée du VIIème arrondissement, on retrouve beaucoup de la série des "Nymphéas" croqués dans les jardins de Giverny et l'oeuvre majeure du maître. On retrouve une partie de la collection "Le parlement de Londres", dont "Trouée de soleil" chaude par ses couleurs mais saisissant de froid pas son brouillard tout à fait londonien. On pourra apprécier "La gare Saint Lazare", un toile toute en suggestion de la station parisienne.
Renoir figure en bonne place dans les artistes du mouvement au musée. Il fut le maître à suivre Monet dans ce style si particulier. Ensemble, ils ont ouvert une école d'imprssionnisme à Giverny. C'est classe ou pas d'avoir Monet et Renoir comme enseignant ? Autant dire qu'une partie des élèves des Beaux-Arts de Paris ont migré vers la Normandie. (Désolé, je n'ai pas les références des ses oeuvres exposées à Orsay).
Sisley fait partie de ces derniers. À en croire ses tableau, il a été assidu aux cours dispensés par ses deux maîtres. Le style est plutôt post-impressionniste, puisqu'il fait intervenir des personnages dans ces peintures. L'impression se rapproche de la certitude mais le coup de pinceau reste le même. Il a beaucoup peint Paris est ses environs comme la série "Inondation à Port-Marly", "Le canal Saint Martin" ou "La passerelle d'Argenteuil".
Je vais m'en tenir à ça pour aujourd'hui. Je vous conseille de découvrir les oeuvres du mouvement impressionniste, elles font naître en nous certaines contradictions, des impressions. Elles nous font perdre nos certitudes et c'est cela qui nous rend vivant.

Petite balade à Manchester

Manchester Oasis

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Rendez-vous chez les Yéyés

yéyé

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Comédie sociale tu perds ton sang froid

L’atmosphère est des plus pesant qu’il soit, la misère sociale règne en maître dans le Nord-Ouest de l’Angleterre. Ici, c’est Leeds, Manchester ou Sheffield. Les usines et les mines ferment les unes après les autres. Les services publics ne sont plus vraiment publics. Même les clubs de football n’ont plus le lustre d’antan. Les victimes du conservatisme façon Thatcher se comptent par centaines. Le seul bénéfice qu’a pu apporter cette politique, c’est la renaissance du cinéma Made in England et l’émergence d’un nouveau genre, la comédie sociale. Tout en contraste avec les films hollywoodiens, ici les héros sont loin d’être photogéniques, malingres ou bedonnants il y en a pour tous les goûts sauf pour ceux qui aime le beau. Pourquoi parle-je de héros ? Ce sont le plus souvent de grands losers. Pas le loser à l’Américaine, genre avocat raté qui réussit tant bien que mal à remporter une affaire par-ci par-là grâce à une faille de la partie adverse. Nous avons affaire à des losers XXL, souvent sans emploi ou en passe de le perdre, inlassablement divorcé, même ses enfants ne le respectent plus. Une autre constante des films de Ken Loach et autres maîtres en la matière, il s’agit de tenter de survivre en bande. Sur fond de paupérisation de la classe ouvrière, ce cinéma nouveau ne bascule pas dans le mélo.

Dans Les Virtuose de Mark Herman, il est question de la fanfare d’une mine dont la fermeture sera prochainement effective. Les musiciens mènent deux combats, le premier pour leur outil de travail et le second qui consiste à participer à la finale nationale des fanfares au prestigieux Royal Albert Hall de Londres. Comme souvent la dégringolade sociale se traduit par des déboires familiaux. Mais le groupe qu’est la fanfare trouve les ressources pour affronter les tempêtes successives qui heurtent les musiciens en son sein.

La plus connue des comédies de ce nouveau genre est sans doute the Full Monty. Mais si vous savez, avec le mec de Once Upon a Time. De nouveaux chômeurs pointent à l’agence pour l’emploi local à la suite de la fermeture de leur usine. Notre héros de petite envergure réussit à réunir quelques un de ses collègues pour monter un spectacle de striptease avec des gens normaux. Ce qui différencierait cette troupe des Chippendales classiques, se serait qu’ils ne cacheraient rien à leur public. Après un casting plus que sauvage ils rallient deux nouveaux membres à leur cause. À six et demi, ils se sortent les uns les autres des embûches dues à leur nouveau statut précaire.

En deux mille neuf, Ken Loach assène un coup de grâce ce mouvement, en mettant en scène Eric Cantona dans Looking for Eric. Eric, loser taille patron (pas l’ancien footballeur), jeune grand-père a deux ados à charge. Le plus jeune sèche les cours sans complexe, le plu âgé traîne dans des combines pas franchement claires. Le bougre a bien du mal à se faire entendre. Sous forme d’hallucinations, Cantona sort, tel le génie de la lampe, de la fumée de son pétard. Nous sommes à Manchester et le célèbre numéro sept jouit toujours d’une immense popularité. Cantona devient le coach personnel de son postier d’homonyme. Sous les conseils de l’attaquant, le quinquagénaire retrouve de son charisme et remet de l’ordre dans sa maison. Quand il s’agit de démêler son grand fils de ses affaires douteuses, il fait appel à ses amis supporters.

Toutes ces histoires sur fond de drame social, sont des histoires d’hommes. En effet, les femmes sont peu présentes dans les luttes. En revanche, c’est pour elle quand nos bonshommes se transcendent. « L’union fait la force » pourrait être le leitmotiv de ces fictions, qui donne un écho particulier à l’actualité sociale qui continue de nous désenchanter. Ce sont surtout de formidables comédie malgré les lourds sujets abordés.

Les Mods

Au milieu des années cinquante, cela fait un dizaine d’année que le jazz et le rhythm’n’blues ont débarqué avec les alliés sur les plages françaises, la Motown et la Stax ayant pris soin de faire embarquer leur matériel par chaque compagnie de bidasses. La jeunesse britannique va créer un sous-culture sur la base de ces musiques nouvelles, les Mods. Mod pour « modernism », ce qu’apporte la musique américaine à la très vieille et sérieuse Angleterre de ce milieu de siècle. Être mod ce n’est pas qu’une question de musique, c’est tout un état d’esprit. Le premier signe distinctif des mods, c’est la Vespa ou la Lambretta à laquelle on a connecté une foultitude de phares pour que ça en jette. Ce pourrait être leur devise : « il faut que ça en jette ». Des vêtements au pas de danse, tout est très travaillé. Les chaussures sont italiennes, les costumes anglais et les coiffures françaises. Le jeans 501 de Levis n’est plus réservé aux ouvrier. Ils n’hésitent pas à se tailler des costumes dans le Union Jack, ou à arborer la cocarde tricolore du Royaume-Uni. Bien que la garde-robe paraisse plutôt chics, le mouvement n’est pas réservé au plus aisés. Très vite, les tailleurs les meilleurs marchés auront ajusté leurs tarifs. Au cinéma, ces jeunes tirés à quatre épingles aiment aller voir les films français de la nouvelle vague. La musique blanches fait son entrée sur les platines des mods avec la guitare d’Elvis Presley. Sa voix de velours et l’ambiance blues qui l’entoure sont dans le droite lignée de ce qui plait au mods.

Comme pour tout mouvement post-adolescent en Grande-Bretagne, la violence n’est jamais loin. Avec l’arrivée de groupes comme les Beatles ou les Stones, l’ennemi désigné s’appelle le rockeur. Si, la plupart du temps, les troubles se réglaient sur la piste de danse, il n’était pas rare que ces dandys en arrivent aux mains. Les plages de Brighton se souviennent encore de ces chemises boutonnées jusqu’à l’extrême et des cuirs noirs du clan d’en face. L’arrivée de the Who sur la scène change la donne. Pour la première fois un groupe résolument rock s’affiche dans un style mod. Les tensions se sont vite vues apaisées entre les deux partis. Les grosses cylindrées et les scooters roulent côte à côte. Les influences musicales mods s’en trouvent bouleversées. C’est l’émergence de groupes comme the Kinks, the Prisoners ou the Easybeats.

Cette manière de vivre la jeunesse ne se sera jamais exportée hors de Grande-Bretagne. Le psychédélisme et le « flower power » de mille neuf cent soixante-sept auront raison des mods. La jeunesse souhaite désormais ne plus répondre à des codes et se laisser aller à ses envies. Le groupe the Who restera fidèle à cette philosophie jusqu’à la fin des années soixante-dix, pour finalement se tourner vers un rock plus progressif. C’est dans les années deux milles, avec ce que l’on a appelé les « bébés rockeurs », qu’a eu lieu le dernier revival du mouvement. Ce sont the Babyshambles, the Arctic Monkey ou les BB brunes. Les jeunes musiciens de vingt ans à peine se sont octroyé le dress-code des mods, chaussures pointues, pantalons ou jeans très serrés, chemises cintrées boutonnées jusqu’au col. Jusque dans leur musique et ses rythmes saccadés juste accélérés ce qu’il faut, ils poussent le mimétisme au maximum.

Mods
SanAntonio

Commissaire San Antonio au rapport

Aujourd'hui je vais vous raconter un bout de mon histoire, car, oui, cette histoire devrait être enseignée à l'école.

En parlant d'école, c'est là que notre histoire prend sa source. J'ai tiré 15 ans, et même pas réhabilité en sortant. Pire je ne savais pas lire, ayant soigneusement fait attention à rester hermétique à mes cours de Français dès qu'il s'est agi de littérature.

Bref, j'arrive à l'âge adulte en buttant sur chaque mot, en ne sachant détecter que peu de figure de style. Ayant, toutes ces années, cultivé mon aversion pour les lettres, c'est par un jour  de pluie mais aussi d'ennui mortel, profond, un ennui à vous passer l'envie d'être au chômage, que j'entreprends l'ouverture d'un œuvre.

Œuvre, le mot trouva tout son sens quelques pages plus loin quand je compris que ce récit pour majeurs était majeur. Il s'agissait d'un San Antonio qui prenait la poussière sur une étagère chez mes parents.

Exactement, Frédéric Dard m'a appris à lire. D'après mes souvenirs, il s'agissait de "Faites chauffer la colle", mais peu importe puisque chacune des enquêtes du célèbre commissaire est d'égale qualité. Avant cette découverte, les phrases n'étaient qu'un empilement de mots avec plus ou moins de sens. Avec San Antonio, j'ai appris à apprécier chaque mot et tous les sens qu'il peut prendre.

Ainsi, nous allons faire un tour dans cet univers de police parisienne, de finesse, de drôlerie lourdingue et d'épicurisme. Je vais tenter de vous donner envie d'ouvrir un bouquin de la collection grâce à son phrasé, ses tournures de phrase, ses bons mots et ses personnages truculents.

Il y a d'abord l’ouverture de chaque roman ou enquête. Pour les titres, on trouve différent jeux de mots plus ou moins fins mais toujours assumés, des références culturelles, des expressions... Sur les dernières éditions le dessinateur Bucq était l'illustrateur officiel de la collection, l'association entre le titre et son coup de crayon donne immédiatement envie d'ouvrir le livre. La couverture qui m'a le plus marqué est celle de "Ceci est bien une pipe" avec la fameuse pipe de Magrit.

En parcourant les pages, on découvre ce qu'on pourrait apparenter à de la grande littérature, de l'humour franchement gras, de l'argot, des anglicismes francisés et de l'argot, beaucoup d'argot. Parfois tout ça en deux phrases seulement. Je vous refourgue un exemple de sa digression ci-dessous, un peu plus bas.

 

"Alors les mecs, ils m'avaient soustrait ce type et sa logorrhée pamphlétaire, sa prolixité scolastique, son exubérance glossatrice, sa tchatche monumentale. Ils crient partout qu'ils aiment ses conneries, sa franche rigolade, ses bons mots, sa déconne, que plus c'est con plus c'est bon. Mais ils oublient de dire qu'ils ont été appréhendés, remués, secoués, brassés, désorganisés, aubordeslarmisés par cet écriveur de conneries franco-franchouillardes. Leur avait sournoisement pris la peur du mou. La peur de se retrouver dans le fou, le flou, le bougeant, l'indéfinitif, l'instable, le sans-bords, le sans-fond, le sans limites, le sidérant sidéral."

 

L'ambiance flicarde du trente-six donne de l'épaisseur à l'histoire, donne des moments réalistes au récit. Tout est respecté, la hiérarchie, les duos de chocs, comme dans un bon polar. Et pourquoi "comme" ? Ce sont de bons polars. Le commissaire San Antonio a d'ailleurs franchi toutes les marches de l'échelle sociale du poulaga. À pas grande chose d'une feuille de papier à cigarette près il aurait pu devenir préfet de police voire ministre de l'Intérieur.

On a donc tout une faune dans et en dehors du commissariat. San Antonio, bien que très indépendant et fort bien au fait des choses de la vie, vit toujours chez sa mère Félicie à St Cloud. Félicie est la mère que tous rêvons d'avoir. Une mère aimante et protectrice. Il a un incommensurable respect pour elle. Toujours peur de se faire pincer quand une femme le suit jusqu'à sa chambre qu'on peut comparer à une garçonnière. Il raffole de ses petits plats, mais il faut toujours les accompagner d'une lampée de Juliénas.

Alexandre-Benoît Bérurier, son fidèle équipier et meilleur ami, est gros, sale, bête... Et encore plein de truc qui pourrait le rendre antipathique. C'est pourtant un personnage attachant, parfois presque poétique. Son phrasé maladroit et inimitable, son membre viril démesuré et comme il en fait usage, le rendent indispensable. Et il faut aussi parler de Berthe son alter ego un poil nymphomane.

Parmi les amis, figure aussi Jérémie Blanc. Un noirpiot, ancien balayeur de rue, San Antonio l'a intégré à la brigade à la suite d'une enquête où il a été d'une aide précieuse. Ce pauvre Jérémie n'est pas épargné par les clichés, famille nombreuse, lui aussi bien pourvu par la nature...

Avec Marie Marie, c'est je t'aime moi non plus. Elle aussi issue d'une enquête, elle était la victime d'un rapt. Elle va et vient selon les convenances de M. Sana. C'est sans doute son fort caractère qui l'a rendue intermittente du spectacle.

Enfin, nous avons Antoine, San Antonio, Sana, celui qui est si attaché à ses racines Berjaliennes. Fin limier, fin limeur, il écoute souvent son flaire de flic mais aussi sa raison. Il connait le gratin parisien, écume les bonnes tables, parle toutes les langues (au moins celles des pays où ses enquêtes le mènent). C'est un sacré coureur et un bon coup selon lui. Boulimique de vie, épicurien, c'est un homme de parole avec une grande sensibilité et une grande sympathie pour ceux qui l'attire.

Frédéric Dard a commis 175 volumes de la série, plus quelques romans qui ne sont pas dans la collection. Avec plus de trois livres par an, l'exercice est presque schizophrénique, le récit étant rédigé à la première personne. Tout ça afin de nous faire rire, nous distraire, celui qui se considérait comme faiseur de roman de gare et un pape de la littérature française. L'œuvre a été reprise par son fils mais... Enfin un douanier qui aurait appris à lire dirait que c'est une bonne contrefaçon, mais sans certification NF.

La libération culturelle

il y a 74 ans débarquait en Europe la culture venue du nouveau monde : les cigarettes manufacturées, les plaques émaillées, les chewing gums and many more. Ce jour a aussi donné du grain à moudre aux cinéastes et écrivains.
Vous connaissez le placement de produit à la télévision ou au cinéma, ce procédé qui permet de faire de la publicité plus ou moins discrètement à l’écran ? Les acteurs de l’économie américaine l’ont inventé en faisant embarquer dans les frégates qui allaient traverser l’Atlantique leurs produits culturels ou manufacturés. Bien sûr, avant ça, l’océan n’était pas une frontière hermétique entre les deux continents. On se partageait déjà les films de Chaplin et Valentino, Joséphine Baker, la science ou encore les droits de l’Hommes. Mais cette fois c’est une véritable OPA hostile sur le vieux continent qui se prépare. On en oublie pas pour autant la mission première qui est de repousser l’occupant, mais en ce qui concerne le service après-vente les GI sont des VRP tout trouvé. C’est ainsi qu’on voit apparaître sur les véhicules militaires légers le nom du constructeur Jeep parader dans nos rues. Les soldats restés dans les villes libérées distribuent des Lucky Strike et des chewing gum. En faisant mieux connaissance avec les militaires, on peut se familiariser avec le rythme’n’blues ou de nouvelles formes de jazz, découvrir des posters de femmes girondes et souvent blondes. On utilise aussi des femmes légèrement vêtues pour vanter les produits estampillés Oncle Sam, le tout peint sur des plaques métalliques émaillées. 
Jusqu’à ce moment d’histoire, les échanges intercontinentaux étaient plutôt d’ordre politique, militaire et scientifique et les arts filtraient légèrement dans les transmissions. Le débarquement a réellement bâti un pont entre les puissances du Nord. Ce pont s’est intensifié avec le développent du trafic aérien et les communications téléphoniques. Ainsi les échanges culturels se voit de plus en plus soutenu. Pour preuve de l’influence culturelle américaine, la musique pop qui apparaît une quinzaine d’année plus tard. Elle naît en Europe, est largement inspiré du rythme’n’blues. Ce sont des jeunes gens d’une vingtaine d’année qui la diffuse, soit des post-adolescents qui ont grandi avec les musiques américaines.
Je n’affirme pas par-là que sans le débarquement, on en serait encore à écouter des descendants d’Offenbach. Je soutiens la thèse que cet événement a largement accéléré la mutualisation de la culture dans l’Atlantique-Nord. Les informations auraient fini par traverser l’océan grâce à internet et aux satellites. Ce ne sont pas seulement les arts qui ont évolué plus vite, l’industrialisation et l’économie ont connu les mêmes effets.

Comme cri dans la nuit

Direction Oslo, pour découvrir une des oeuvres majeures dans le monde le peinture, en fait il s'agit même de cinq oeuvres. Vous l'avez tous vu quelque part, c'est peut-être le tableau auquel le monde de la culture fait le plus souvent référence après la Joconde. Je vais vous parler d'Edvard Munch et de son fameux Cri.
Le Cri est donc une série de cinq oeuvres, trois peintures, un pastel et une lithographie. L'une des peinture détient le record de prix de vente dans une vente aux enchères. C'est entre 1893 et 1917 qu'ils ont été réalisés.
Le dessin représente un homme les mains sur les joues, façon gros stress, devant le fjord d'Oslo par un crépuscule rougeâtre qui serait provoqué par l'éruption d'un volcan. Certain évoque le stress d'un changement de siècle, d'une vie qui devient folle. En gros, c'est l'Homme Pressé avant Noir Désir.
Comme beaucoup d'oeuvres majeures, des vols ont été perpetrés afin de se faire remettre des rançons (ridicules par rapport à la valeur marchande du tableau). Les deux derniers vols ont été commis en 1994 et 2004. Dans le premier cas le tableau a été rendu en bonne santé et bien traité après une demande de rançon échouée. Le second vol a été résolu par la police norvègienne, d'autres tableaux de maîtres ont été retrouvés par la même occasion.
Les plus fameuses sont une tempera sur carton au musée Munch d'Oslo, et une peinture à l'huile, tempera et pastel à la Galerie nationale d'Oslo. Une troisième version appartient également au musée Munch. Une quatrième appartenait au milliardaire norvégien avant d'être vendue aux enchères à un acheteur anonyme, le 2 mai 2012, pour la somme record de 119,92 millions de dollars. La cinquième version est une lithographie réalisée en 1895 à Berlin.
Les références au Cri sont nombreuses dans les films, les séries et même la bande-déssinée. On reconnait ce visage dans le fameux masque de Scream. Par deux fois, le tableau est présent dans les Simpson. On le reconnait aussi dans Persepolis, l'héroïne poussant un cris d'effroi. Même Uderzo se charge de le parodier dans Asterix.
J'espère que vous en savez plus sur cette série culte, qui malheureusement représente la majeure partie de l'oeuvre de Munch.

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